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Bilan de la performance financère d'actifs de fonds en euros et Perspectives 2018

Achevé de rédiger le 01/05/2018

Prévoir l’évolution des taux servis en 2018 sur les fonds en euros est un exercice difficile voire audacieux, en raison des multiples facteurs contradictoires qui se télescopent :

Le niveau des taux d’intérêts reste historiquement bas. L’OAT à 10 ans est toujours sous le seuil de 1,00 % depuis la mi-février 2017. Contrairement à ce que l’on peut entendre, la hausse des taux d’intérêts n’est pas là en zone euro. L’OAT à 10 ans n’a nullement tutoyé les 1 % en février 2018 !

La BCE a annoncé une fin progressive de son dispositif de soutien à l’économie, ce qui pourrait (devrait ?) conduire à une hausse des taux d’intérêts en zone euro à un certain terme. Mais au fil des trimestres, ce terme à tendance à se décaler dans le temps. Trois éléments doivent être notés :

Malgré tous ses défauts, la zone euro est l’une rares zones de relative stabilité (notamment politique) au plan mondial.

Si l’on parle de reprise économique au plan mondial, celle-ci n’est que très relative en zone euro et d’une vigueur limitée.

Quant aux signaux d’inflation, ils sont également faibles.

Ce qui permet de tenir des « bons » taux sur les fonds en euros, c’est le fait d’être en décollecte dessus. Or, rien ne dit que 2018 permettra aux compagnies de bénéficier de cette même situation qu’en 2017.

Les importantes réserves constituées par les compagnies sur leurs fonds en euros, que ce soit en termes de provision pour participation aux bénéfices (PPB), de plus-values latentes sur les actions ou sur l’immobilier… leur permettent « d’en donner un peu plus » à leurs clients… en sachant qu’elles ont désormais davantage la capacité de voir venir.

Un facteur important de soutien du rendement des fonds en euros est le poids désormais important de la provision pour participation aux bénéfices (PPB) dans bon nombre d’actifs généraux. Son existence permet aux compagnies de prendre davantage de risques à l’actif, car la PPB permet d’absorber une partie des chocs financiers. Plus il y a de PPB, plus une compagnie peut diversifier son actif général (et soutenir son rendement) sans devoir « mettre à la poche » en apportant des fonds propres supplémentaires.

Les taux servis en 2017 par bon nombre de compagnies n’ont affiché que de faibles baisses par rapport à 2016. Plusieurs facteurs ont conduit à cette situation, en sachant que rien ne garantit que ceux-ci se produiront à nouveau en 2018 :

Les marchés actions ont fortement monté en 2017. A titre d’exemple, le CAC 40 a progressé de plus de 10 %, ce qui a permis aux compagnies de dégager des plus-values sur la poche actions de leur actif général tout en touchant des dividendes de bonne facture.

La bonne tenue des marchés financiers en 2017 a permis aux compagnies de promouvoir fortement les unités de compte auprès de leurs clients. Force est de constater que l’épargnant français a une fâcheuse tendance à rentrer sur les marchés actions au son du clairon, alors qu’il devrait le faire au son du canon.

Grâce à un taux d’unités de compte en hausse dans la collecte d’assurance-vie en 2017, les compagnies ont eu moins de flux à investir sur leurs fonds en euros. Du coup, le rendement financier brut des actifs généraux a nettement moins baissé qu’il aurait pu en 2017.

Notons par ailleurs des éléments externes susceptibles de conduire à des secousses sur les marchés financiers :

Le Gouvernement américain est susceptible de prendre du jour au lendemain des mesures hautement protectionnistes susceptibles de déstabiliser / d’entraver le commerce mondial.

La situation en Syrie où plusieurs puissances s’immiscent dans les affaires du pays est hautement explosive. La proximité d’Israël, de l’Iran et de la Turquie peut faire déparer la situation à tout moment et conduire à un conflit mondial.

Ces dix dernières années durant lesquelles les taux d’intérêt ont fortement baissé ont conduit ipso facto à la constitution d’importantes bulles financières, notamment dans le domaine obligataire (« le monde n’a jamais été aussi endetté ») et immobilier (avec des prix qui ont explosé en raison de la valeur refuge du placement et de la capacité à s’endetter à moindres frais).

Dans ce contexte, les taux d’intérêts continuent à baisser en zone euro :

La valeur moyenne de l’OAT à 10 ans sur les 4 premiers mois 2018 est inférieure à celle des 4 premiers mois 2017, à savoir 0,83 % versus 0,95 %.

Les pays européens emportés dans la précédente tourmente financière se refinancent désormais beaucoup plus facilement, que ce soit en termes de coût ou de durée :

L’Espagne a pu émettre une souche de 6 milliards d’euros à 30 ans à un taux de 2,726 % en février dernier.

Le taux souverain italien à 10 ans se situe autour de 1,84 %.

Quant à la Grèce, son taux à 10 ans est sous les 5 % et le pays devra voler de ses propres ailes sans le soutien de la BCE à compter de fin août 2018.

Pour éclairer 2018, Good Value for Money a procédé à l’analyse des données financières disponibles sur un ensemble de fonds en euros, avec une continuité de données statistiques et de méthode d’analyse dans le temps. L’analyse de Good Value for Money ne concerne pas tout le marché, mais un échantillon de contrats ; elle permet de donner des tendances d’évolution. Que peut-on en tirer comme conclusions ?

1°) La baisse de rendement financier brut des actifs généraux a été limitée en 2017.

2°) Pour 2018, les compagnies ne baissent quasiment plus leurs taux annuels garantis.

3°) L’écart moyen dans le temps entre le taux servi et le taux annuel garanti est de l’ordre de 1,40 à 1,60 %.

Aussi, Good Value for Money se permet de poser à ce jour une fourchette de taux moyen servi pour 2018 sur les fonds en euros comprise entre 1,40 et 1,80 %.

Cyrille Chartier-Kastler

Fondateur de Good Value for Money

Rédigé par Cyrille Chartier-Kastler

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